O CAMINHO DA SERPENTE

"Reconhecer a verdade como verdade, e ao mesmo tempo como erro; viver os contrários, não os aceitando; sentir tudo de todas as maneiras, e não ser nada, no fim, senão o entendimento de tudo [...]".

"Ela atravessa todos os mistérios e não chega a conhecer nenhum, pois lhes conhece a ilusão e a lei. Assume formas com que, e em que, se nega, porque, como passa sem rasto recto, pode deixar o que foi, visto que verdadeiramente o não foi. Deixa a Cobra do Éden como pele largada, as formas que assume não são mais que peles que larga.
E quando, sem ter tido caminho, chega a Deus, ela, como não teve caminho, passa para além de Deus, pois chegou ali de fora"

- Fernando Pessoa, O Caminho da Serpente

Saúde, Irmãos ! É a Hora !


quarta-feira, 2 de junho de 2010

POST-SCRIPTUM

I
Mais pourquoi de leur cendre évoquer ces journées
Que les dédains publics effacent en passant?
Entre elles et ce jour ont marché douze années :
Oublions et la faute et la fuite et le sang,
Et les corruptions des pâles adversaires
-Non. Dans l'histoire il est de noirs anniversaires
Dont le spectre revient pour troubler le présent.

II
Il revient quand l'orgueil des obstinés coupables
Sort du limon confus des Révolutions
Où pêle-mêle on voit tomber les incapables,
Pour nous montrer encor ses vieilles passions
Et hurler à grands cris quelque sombre horoscope
. -En observant la vase aux feux d'un microscope,
On voit dans les serpents ces agitations.

III
S'agiter et blesser est l'instinct des vipères;
L'homme ainsi contre l'homme a son instinct fatal :
Il retourne ses dards et nourrit ses colères
Au réservoir caché de son poison natal.
Dans quelque cercle obscur qu'on les ait vus descendre,
Homme ou serpent, blottis sous le verre ou la cendre,
Mordront le diamant ou mordront le cristal
.
IV
Le Cristal, c'est la vue et la clarté du JUSTE,
Du principe éternel de toute vérité,
L'examen de soi-même au tribunal auguste
Où la Raison, l'Honneur, la Bonté, l'Equité,
La Prévoyance à l'oeil rapide et la Science
Délibèrent en paix devant la Conscience
Qui, jugeant l'action, régit la Liberté.

V
Toujours sur ce Cristal, rempart des grandes âmes,
La langue du sophiste ira heurter son dard.
Qu'il se morde lui-même en ses détours infâmes,
Qu'il rampe aveugle et sourd dans l'éternel brouillard.
Oublié, méprisé, qu'il conspire et se torde,
Ignorant le vrai Beau, qu'il le souille et qu'il morde
Ce Diamant que cherche en vain son faux regard.

VI
Le Diamant? c'est l'art des choses idéales,
Et ses rayons d'argent, d'or, de pourpre et d'azur
Ne cessent de lancer les deux lueurs égales
Des pensers les plus beaux, de l'amour le plus pur.
Il porte du Génie et transmet les empreintes.
Oui, de ce qui survit aux Nations éteintes
C'est lui le plus brillant trésor et le plus dur.


28 mars 1862.



Alfred de Vigny (1797-1863)

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